31 mars 2017
Qu'avons nous fait ces six dernières années ? Consultez notre Recueil d'expériences du programme LIFE...
23 janvier 2017
Le rapport final est en ligne avec ses produits livrables et ses annexes !
30 juin 2016
La sixième lettre d'information est en ligne ! Venez la découvrir !
21 mars 2016
Des prélèvements ont été réalisés sur certaines mulettes du Sarthon...
07 janvier 2013
Un reportage sur le LIFE mulette est disponible sur Pêche TV !
Rappel du contexte
Depuis les années 1970, les effectifs européens de sterne de Dougall ont chuté de plus de 50 %, entraînant le classement de l’espèce comme « en danger » avec un effectif nicheur inférieur à 2 000 couples. De ce fait, elle figure à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux » et fait l’objet d’un plan d’action international, dont la dernière version date de 2002. Aujourd’hui, la sterne de Dougall est considérée en Europe comme une espèce « rare », avec à peine plus de 2 300 couples en 2010, dont une cinquantaine en France, où elle est estimée en « danger critique d’extinction ». 100 % des effectifs de France métropolitaine se reproduisent en Bretagne. Face au déclin de l’espèce, Bretagne Vivante, en partenariat avec le Conseil général des Côtes d’Armor, les Phares et balises de Concarneau et la Diren Bretagne (actuelle Dreal), a proposé un programme LIFE Nature de 5 ans (2005-2010) pour un budget de 1 436 119 €, financé à 75 % par la Communauté européenne.
Les menaces qui pèsent sur les sternes de Dougall bretonnes sont principalement le dérangement humain, la prédation par les rats, le renard roux, le vison d’Amérique et le faucon pèlerin, la prédation et la compétition avec les goélands, et l’inadéquation du couvert végétal. De plus, la population est fragilisée par la concentration de l'essentiel des effectifs sur un site depuis plusieurs années, l'île aux Dames en baie de Morlaix, ce qui rend l’espèce extrêmement vulnérable à un événement accidentel.
Les objectifs
Les objectifs du programme LIFE Dougall étaient de maintenir les colonies existantes, d’augmenter leurs effectifs, de favoriser le retour de l’espèce sur trois autres sites en Bretagne et de pérenniser les moyens de conservation mis en œuvre grâce au LIFE.
La mise en oeuvre
Cinq sites bretons en zone Natura 2000 ont été choisis pour mettre en place des mesures de conservation pour la sterne de Dougall : l’îlot de la Colombière en baie de Lancieux/l'Arguenon (22) qui reçoit régulièrement la visite de l’espèce, l’île aux Dames en baie de Morlaix (29), l’île aux Moutons proche des Glénan (29), qui est la deuxième plus importante colonie de sternes de Bretagne mais qui n’accueille que rarement des sternes de Dougall, les îlots de Trevoc’h (29) et l’îlot du Petit Veizit (56) sur lesquels aucune sterne ne niche actuellement.
Sur les deux premiers sites, la priorité était de sécuriser les colonies pour éviter le dérangement (gardiennage et signalisation) et d’éliminer les prédateurs tels que les rats, les goélands argentés, les visons d’Amérique et les renards roux. Sur les trois autres îlots, les mesures visaient à attirer les sternes pierregarin et caugek, puis les sternes de Dougall, par la mise en place de nichoirs, de leurres et la diffusion de cris de sternes.
L’Observatoire des sternes, mis en place en 1989, a également été poursuivi grâce au programme et s’intègre désormais dans l’Observatoire régional des oiseaux marins de Bretagne (OROM). Il a permis de mutualiser les données et d’élaborer une stratégie en faveur des quatre espèces de sternes bretonnes. L’équipe du LIFE a participé activement au réseau des gestionnaires nationaux et internationaux de colonies de sternes grâce à l’organisation d’un séminaire fin 2009, l'édition de ses actes et d'un recueil d'expériences, grâce à sa participation à d’autres colloques dans le cadre du programme, à la mise en place d'un groupe de discussion « sternes » et du site internet du LIFE.
Les résultats
Après cinq années de travail, il est apparu que les problèmes majeurs étaient liés à la prédation par le vison d’Amérique, le renard roux et le faucon pèlerin. Malgré l’implication sur le terrain, il s’est avéré impossible d’inverser la tendance à la décroissance de la population française de sterne de Dougall. En 2006, le faucon pèlerin a provoqué l’échec de la reproduction des sternes sur l’île aux Dames. Cependant, une vingtaine de couples de sterne de Dougall a pu trouver refuge sur l’île de la Colombière, qui a joué le rôle escompté. En 2008, le vison d’Amérique a éliminé un tiers des reproducteurs sur l’île aux Dames, malgré le piégeage. Face à cette menace majeure, la colonie a été mise en défens par un grillage. En 2009 et 2010, aucun vison n’a pu franchir cette clôture et la colonie a pu se reproduire normalement.
En ce qui concerne le renard roux à la Colombière, un certain nombre de techniques ont été expérimentées depuis 2008, avec l’aide de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (tir de nuit) et du Conseil général des Côtes-d’Armor (piégeage), sans grand succès. Cependant, le cordon de galets qui permet aux renards d’accéder à la Colombière lors des grandes marées est surveillé de nuit depuis 2008, ce qui semble efficace.
En 2010, les dérangements majeurs sur les colonies de l’île aux Dames et de la Colombière ont été provoqués par le faucon pèlerin, soit une cinquantaine d’attaques sur l’île aux Dames de mai à fin juillet et de nombreuses attaques en juillet à la Colombière. Les naturalistes bretons ont longtemps attendu son retour, il n’est donc pas question pour Bretagne Vivante de limiter ce prédateur naturel des colonies d’oiseaux marins. Afin de respecter l’intégrité physique et l’activité de prédation du faucon pèlerin tout en permettant un retour rapide des sternes sur le site, il a été proposé d’effaroucher le prédateur lorsqu’il était présent sur la colonie.
Les élus et les partenaires locaux ont compris les enjeux pour la survie de la sterne de Dougall en France et ont pu s’approprier le programme LIFE. Il s'agit aujourd'hui de les intégrer à une nouvelle démarche qui devrait faire suite au LIFE Dougall d'ici quelques années : le lancement d'un Plan national d'action pour les sternes littorales françaises, outre-mer inclus, qui permettrait de valoriser sur d'autres îlots l'expérience de gestion des sites à sternes acquise dans le cadre du LIFE et de pérenniser la protection des sternes maritimes et de la sterne de Dougall en particulier.
Si vous désirez en savoir plus sur les suites à donner au LIFE Dougall, vous pouvez lire le Plan de conservation après-LIFE.
-