La problématique de la gestion de la végétation des trois sites du Life est celle de l'augmentation des surfaces de roselières pures au détriment des milieux prairiaux. Il s'agit donc de gérer les roselières à roseau commun, monospécifiques, denses et homogènes, pour obtenir une roselière mixte basse (0,5 à 1 m), relativement ouverte, voire une prairie humide à végétation de hauteur moyenne, sans roseaux (prairie subhalophile, mégaphorbiaie...).
La végétation prairiale doit être par ailleurs inondée par 1 à 20 cm d'eau (cf. aménagements hydrauliques).
Gérer la végétation : des méthodes à réinventer
La gestion expérimentée s'est inspirée des usages agricoles traditionnels de fauche estivale, qui entretenaient jadis, sans le savoir, des prairies humides propices à l'alimentation du Phragmite aquatique.
Cette fauche a été réalisée grâce à l'acquisition d'un matériel agricole adapté aux zones humides.
Trois principes ont été adoptés :
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une fauche estivale, de préférence en août et septembre pour qu'elle soit compatible avec la reproduction des oiseaux des roselières,
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une exportation des végétaux fauchés pour éviter l'accumulation de matière organique et favoriser la germination d'une plus grande diversité floristique,
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une rotation pluriannuelle par parcelle en fonction de la réponse de l'habitat un an après la fauche.
Résultats un an après la première fauche
Sur Trunvel, en roselière mésotrophe, l'habitat idéal est obtenu un an après la fauche.
Sur Rosconnec et Pen Mané, en roselière eutrophe, la réponse est plus lente mais on observe une diminution de la taille et de la densité des roseaux. L'habitat idéal est attendu après 2 ou 3 ans de fauche estivale répétée.
C'est facile de faucher, c'est difficile de valoriser !
Les roselières sont des écosystèmes très productifs. Un hectare de roseaux produit 4 à 10 tonnes de biomasse aérienne sèche par an. A Trunvel, la fauche de 6 ha de roselière en milieu mésotrophe produit 600 m3 de matière sèche. Le plus difficile n'est donc pas de faucher, mais d'exporter, de stocker puis d'éliminer.
Par ailleurs, la fauche doit pouvoir perdurer après Life, au même rythme, soit 4 à 6 ha par an et par site. Une solution consiste à valoriser localement cette biomasse pour créer un besoin.
Une valorisation durable
Plusieurs solutions de valorisation ont été trouvées pour éliminer la matière végétale fauchée :
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les roseaux fauchés et séchés, après broyage, ont été récupérés par le service des espaces verts de la ville de Quimper pour faire du paillage ;
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les mélanges de roseaux et d'herbe ont été valorisés en litière pour bovins en étable par les exploitants agricoles « bio » sur la commune de Dinéault ;
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le foin gâté par l'humidité a été valorisé en compost par divers agriculteurs.
Retombée économique locale : un paillage de bonne qualité
Le paillage à base de roseaux est plus intéressant que l'écorce de conifère. Il se dégrade lentement, son pH est neutre, il protège mieux du déssèchement l'été et du froid l'hiver et ne coule pas sur les terrains en pente. En 2008, faute d'avoir un volume suffisant sur Trunvel, la ville de Quimper est allée jusqu'à Pen Mané pour satisfaire son besoin en paillage. Son coût de revient (pendant le Life), était le plus faible des 4 types utilisés par Quimper.